Rediffusion

Un tract collecté il y a peu, datant d’après ce qu’on en sait du 1er mai 1973, a été rediffusé pendant la manifestation parisienne du 1er mai 2014. Le tract original était ronéotypé à l’encre noire, il a été imprimé pour sa diffusion actuelle en typographie avec un cliché polymère, ce qui a permis sa couleur orange, celle de sa nouvelle vie…

Le tract tel que diffusé le 1er mai 2014, accompagné d’un texte d’aujourd’hui, est téléchargeable en bas de cette page. Bonne lecture !

VIVE LE 1er MAI DE LA PARESSE

Dans le métro, on achète un ticket pour payer des poinçonneurs et maintenant des gens qui conçoivent et fabriquent les machines automatiques à poinçonner. En fait on pourrait très bien dire à tous ces gens de rester chez eux, de rigoler, baiser ou d'aider ceux qui fabriquent des trucs utiles à tous. On leur donnerait l'argent et ça ne changerait rien. Il n'y aurait rien de plus, rien de moins et pourtant on les oblige à être là de 8h à 10h par jour à ne rien produire qui serve à tous. Les 2/3 des emplois sont inutiles ou parasitaires ce qui veut dire qu'on ne pourrait travailler que le 1/3 de ce qu'on fait aujourd'hui.

VIVE LA JOURNEE DE 3H.

Le travail n'est pas fait pour l'homme,
La preuve c'est que ça le fatigue !

LE TRAVAIL EST CON
LE TRAVAIL REND CON
FRANCAIS, IMMIGRES TRAVAILLONS MAL
CONSERVONS NOTRE ENERGIE POUR LUTTER ET JOUIR

N'AYONS PLUS HONTE:d'aller aux chiottes plus qu'on en a besoin
                  :d'aller souvent au bistrot ou au distributeur
                  :de nous laver les mains et de nous habiller avant l'heure
                  :de ne pas nous jetter sur l'établi après la sonnerie

Y'EN A RAS LE BOL DE GRATTER

A bas la conscience professionnelle, invention des patrons pour nous obliger à les servir volontairement.

En fait, on travaille toute sa vie comme des cons pour se payer des gadgets, des voitures, télés, pavillons. On s'y accroche avec acharnement faute de ne pouvoir en profiter tellement on est crevé en rentrant du travail.

On en a plein de le cul d'attendre la pause, la sortie, le week-end, puis la retraite.

ON EN A MARRE D'ATTENDRE TOUTE LA VIE.

RESISTANCE AU TRAVAIL


G.R.A.T.
Groupe de Résistance au Trav
aie aie aie aie ;....

Getaway contre l’austérité

Getaway, c’est un projet d’archives autour des luttes sociales et des groupes révolutionnaires sur la période ouverte par la guerre d’Algérie jusqu’à nos jours, qui organise la collecte, la conservation et la remise au travail de matériaux divers, la plupart éphémères, produits au plus près des luttes.

Aujourd’hui, le 1er Mai 2014, c’est un tract du passé, du 1er mai 1974, signé par le Groupe de Résistance Au Travail, (le GRAT), que nous avons décidé de redistribuer. Ce qui nous était apparu comme une signature d’un jour semble, du moins après quelques recherches sommaires, avoir été le nom d’un groupe constitué. Si vous avez connaissance d’éléments sur le GRAT ou sur ce texte n’hésitez pas à écrire aux Archives.

Alors bien sûr ce texte ne dit pas aujourd’hui ce qu’il disait alors. Bien sûr aussi, alors que la conjoncture, c’est assurément la lutte contre cette austérité qui nous promet toujours davantage de temps de travail ou de chômage ou d’intermittence pour toujours moins d’argent, nous ne formulerions plus (mais l’aurions nous d’ailleurs formulé à l’époque ?) un tel appel au 1er mai de la paresse et à la journée de 3 heures. Alors que se loger, se nourrir, se déplacer ou voyager, se vêtir, se distraire et entretenir une vie sociale coûte aujourd’hui si cher, nous ne dirions certainement pas qu’on travaille pour acquérir des gadgets. La distinction entre travail « utile » et « inutile » dans le cadre de ce système est sans doutes aussi bien discutable.

Ce qui nous plaît dans ce texte en revanche, outre sa fraiche mise en page, c’est cette revendication d’une exigence de vie : « lutter et jouir », et cet appel à refuser l’idéologie de la conscience professionnelle et de la soumission aux exigences toujours plus invasives de l’exploitation capitaliste. Ceci nous apparait d’autant plus actuel alors qu’aujourd’hui comme souvent en période de crise, c’est une union sacrée qui multiplie les injonctions à toutes sortes de sacrifices pour redresser la productivité d’un système qui ne nous promet plus rien que de travailler à sa propre reproduction.

« Français-immigrés, travaillons mal », quel appel à une solidarité réelle contre l’exploitation de tous ! Voilà un slogan d’un bel enthousiasme issu sans doute d’un courant marginal de l’internationalisme prolétarien trop peu mis en lumière et sur lequel l’histoire a laissé retomber ses lourds rideaux.

Mais, au delà de cette première initiative expérimentale de rediffusion, c’est aussi par son existence même que Getaway lutte contre une autre austérité. Enrichir le présent de ce que le passé nous propose, retrouver des lignes de fuites ou d’attaques, faire des incursions dans des moments plus intenses de conflictualité sociale, des époques d’intelligence collective au service de tentatives subversives, des périodes où la révolution était à l’ordre du jour, et y puiser ce que bon nous semble aujourd’hui, c’est une manière de refuser l’austérité théorique et pratique de cette dure époque, de réévaluer la pertinence des propositions du moment, peut-être d’en construire de nouvelles pour enfin « lutter et jouir ».

Alors, camarades, s’il n’y en a pas « ras-le-bol de gratter » en toute circonstance et si cette perspective vous intéresse, venez nous rencontrer et contribuer à la construction de ce projet en cours lors de nos permanences le premier lundi de chaque mois de 19h à 21h30 à la Maison Ouverte, 17 rue Hoche à Montreuil. Vous pouvez aussi nous écrire pour tout don de documents, pour toute question, remarque ou critique, pour ce que vous voudrez.

Une collecte ciblée sur les tract du 1er mai et le refus du travail est envisagée, si vous avez des choses à donner ou à nous signaler contactez-nous.

  • Getaway contre l’austérité - Vive le 1er mai de la paresse - Un tract du passé, du 1er mai 1973, signé par le Groupe de Résistance Au Travail (le GRAT), et le texte Getaway contre l’austérité, qui constituent à eux deux le tract du présent distribué à la manifestation parisienne du 1er mai 2014